Pourquoi la redistribution casse l'économie

C'est une chose dont je suis persuadé depuis des années : la redistribution, quand elle est trop appuyée, est particulièrement nocive, non seulement pour l'individu que pour la société dans son ensemble. Vous saisirez donc que j'ai été assez affligé lorsque, à l'occasion d'un colloque à Barcelone en Espagne lundi dernier, un collègue m'a soutenu qu'il fallait imposer encore plus les riches. Son propos m'a paru pour le moins naïf et quelque peu déconnecté des contingences matérielles. Il faut comprendre que les impôts comme les aides sociales contribuent avant tout à pervertir le dynamisme au travail. Et on peut même dire que cette réflexion s'applique tant à celui qui paye des impôts qu’à celui qui jouit d'aides sociales. Je m'explique. Une volonté outrancière d’égalité a un effet dont on parle trop rarement, mais dont on voit pourtant bien les effets dans notre société : elle altère la capacité de croissance de la société. Une trop grande répartition des richesses conduit en fait à une richesse amoindrie. Le simple fait de prendre un couteau et de signaler qu'on se prépare à découper un gâteau suffit à faire rapetisser ce dernier. En toute logique, les habitants les plus travailleurs, à force d'être surtaxés, sont dissuadés de collaborer à la richesse. Et les habitants les moins productifs, qui sont quant à eux entretenus, sont eux aussi enclins à ne pas concourir à cette richesse. Le choix est délicat à faire : soit on opte pour davantage de prospérité et moins de redistribution, soit on choisit une égalité croissante mais aux conséquences potentiellement désastreuses. Je tiens à dire que ces critiques ne sont pas une manière d'encenser l'inégalité, comme l'a soutenu le collègue avec qui je discutais. Une disparité excessive n’est bien sûr pas souhaitable. Dans un monde où l'inégalité est reine, la distance qui sépare les mieux nantis des plus faibles mène inévitablement à des débordements. Mais je continue à dire qu'une volonté effrénée d’égalité qui se base sur l'imposition affaiblit aussi la croissance économique, et qu'il faut y penser avant de prôner à tout va la redistribution. Malheureusement, j'ai pu noter durant ce colloque à Barcelone que cette question de la redistribution échauffe les sangs et tourne rapidement au vinaigre, pour peu qu'on ne prône pas l'égalité à tout prix ! Si vous souhaitez participer au prochain séminaire en Espagne, suivez le lien pour toutes les informations et vous inscrire.